jan 2012 04

J’ai eu l’occasion de vous présenter sur ce blog comment observer ou photographier la station spatiale internationale.

Cette fois, je vous propose l’inverse, c’est-à-dire des images de la surface terrestre prises depuis la station.

Le module Cupola, coupole d’observation panoramique mise en place en 2010 permet aux astronautes de commander un bras robotique ou de vérifier les procédures d’amarrage. Les larges hublots du module permettent également aux astronautes de prendre des images époustouflantes de la surface terrestre.

Le cosmonaute Fyodor Yurchikhin a ainsi pris des photos incroyables des différents lieux survolés par la station.

Alaska depuis l'ISSUn coin d’Alaska vu depuis l’ISS

Alaska depuis l'ISSVolcans du Kamchatka vus depuis l’ISS

L’ensemble des images est visible sur cette galerie. L’impression de relief est saisissante sur certaines d’entre elles.

Les conditions d’observation permettent également de réaliser des time-lapse. Un time-lapse est une animation créée à partir de photos prises à intervalle régulier. Si vous suivez ce blog, vous avez déjà pu voir des time-lapses comme sous le ciel de Provence ou encore dans la rubrique vidéos.

La NASA met régulièrement en ligne ces séquences réalisées depuis la station spatiale. Le dernier montre par exemple la comète Lovejoy qui a fait la une de l’actualité astronomique en fin d’année.

L’ISS faisant le tour de la Terre en 90 minutes, les zones survolées sont extrêmement changeantes. On peut parfois reconnaître une région grâce au chapelet de lumières formées par les principales villes ou grâce à la forme d’une côte. Parfois aussi, il est possible d’observer des orages et même des aurores polaires.

La vidéo ci-dessous montre une compilation des vidéos réalisées entre août et octobre 2011.

Views from ISS de Robin Friedrich sur Vimeo.

Mais parmi toutes les vidéos mises en ligne, la plus émouvante est pour moi, celle où l’on assiste à un survol de l’Europe jusqu’à la Mer Rouge et qui débute par une vue de l’Europe occidentale particulièrement bien dégagée pour une mi-octobre (aussi visible dans la précédente vidéo à 3’50″).

nov 2011 16

Le samedi 10 décembre, la Lune plongera, pour la seconde fois de l’année, dans l’ombre de la Terre. Il sera alors possible pour la moitié de la planète d’observer une éclipse totale de Lune.

Si vous souhaitez voir l’éclipse en intégralité, il faudra vous rendre dans le sud-est de l’Asie, l’extrême orient russe, en Australie ou bien encore en Alaska. Ailleurs, l’éclipse ne pourra pas être observée en intégralité.

Pour les observateurs européens, plus vous serez au nord-est de l’Europe, plus vous pourrez observer les phases de l’éclipse. Toutefois, la phase de totalité ne sera visible que si vous vous situez à l’est d’une ligne allant d’Athènes à Hambourg.

Visibilité de l’éclipse de Lune. Plus la zone où vous vous situez est sombre, plus vous verrez les différentes phases de l’éclipse
(version grand format disponible en cliquant sur l’image)

Ainsi en France, au mieux, seule la sortie de l’ombre sera visible. Pire, si vous habitez l’extrême sud ouest ou le sud Bretagne, vous ne verrez que la sortie de la pénombre.

Autant dire que cette éclipse n’est pas très favorable aux observateurs métropolitains. Toutefois, le lever de Lune en partie éclipsée (visible à l’est-nord-est) sur une bonne partie de la France en ce samedi soir pourra valoir le coup d’œil ou une petite photo (comme lors du 7 septembre 2006).

Voici donc la chronologie des événements pour la ville de Paris (*) le 10 décembre (en temps légal français: UTC+1) depuis laquelle seuls les événements en gras seront observables:

  • Entrée dans la pénombre (P1) : 12h34
  • Entrée dans l’ombre (O1 ): 13h46
  • Début de la totalité (T1) : 15h06
  • Maximum de l’éclipse (M) : 15h32
  • Fin de la totalité (T2) : 15h57
  • Coucher du Soleil : 16h52
  • Lever du Lune : 16h55
  • Sortie de l’ombre (O2) : 17h18
  • Sortie de la pénombre (P2) : 18h30

Pour les observateurs qui auront la chance de voir tout le phénomène, la Lune passera par la partie sud de l’ombre terrestre et sera totale pendant seulement 51 minutes. Contrairement à la précédente, cette éclipse devrait donc être plutôt claire.

Parcours de la Lune dans les cônes d’ombre et pénombre de la Terre

Les amateurs d’éclipse de Lune en France devront encore patienter puisque la prochaine éclipse, le 4 juin 2012 sera invisible dans l’hexagone. Ainsi pour la France, la prochaine éclipse partielle de Lune aura lieu le 25 avril 2013 et la prochaine totale visible en intégralité seulement le 28 septembre 2015.

Pour en savoir plus:

  • La page spéciale sur mon site dédiée à cette éclipse avec les horaires, la carte de visibilité et le parcours de l’éclipse dans l’ombre de la Terre
  • Les informations techniques de l’éclipse sur le site de l’IMCCE,
  • D’autres informations générales sur l’éclipse sur le site de la Nasa (F.Espenak) (en anglais),

Note: (*) En fait les horaires de l’éclipse sont générales, c’est à dire valables pour n’importe quelle ville, seules les heures de lever du Soleil et coucher de la Lune sont locales, c’est-à-dire valables uniquement pour Paris.

août 2011 31

Le samedi 8 octobre prochain, il sera possible d’observer une pluie d’étoiles filantes, vraisemblablement l’une des plus intenses de ces dernières et prochaines années. Le spectacle sera visible dans toute l’Europe, en début de soirée.

Explication du phénomène:
Une pluie d’étoiles filantes se produit lorsque la Terre rencontre un nuage de poussières dans l’espace. Ces poussières sont généralement laissées par les comètes tout le long de leur orbite à chacun de ses passages proches du Soleil. Le 8 octobre prochain, la Terre rencontrera les poussières laissées par la comète 21P/Giacobini-Zinner lors de ses passages proches du Soleil au XIXe siècle et en 1900.

Où observer?
Le phénomène peut être observé à l’oeil nu dans un endroit peu atteint par la pollution lumineuse (idéalement en campagne). Il a lieu sur tout le ciel même si les étoiles sembleront provenir de la tête du Dragon qui à cette époque de l’année se situe globalement entre le zénith et l’étoile polaire. C’est d’ailleurs de cette constellation que vient le nom de cette pluie d’étoiles filantes, les Draconides.


Position de la constellation du Dragon le 8 octobre vers 22h30 en France

Quand observer?
La pluie d’étoiles filantes devrait être visible durant le début de nuit, mais il devrait y avoir deux pics d’activité:

  • le premier vers 19h (heure française) avec un taux d’activité proche d’une étoile filante à la minute, mais il sera inobservable car il ne fera pas encore nuit,
  • le second entre 21h50 et 22h40 (heure française) observable partout en Europe avec environ 10 étoiles filantes à la minute sur toute la Terre, soit environ 3 étoiles filantes par minute au dessus de l’Europe.

Ces chiffres sont basés sur des prédictions liées à la fois à l’activité de la comète dans le passé et à la trajectoire du nuage de poussières. Ils diffèrent donc suivant les spécialistes et il existe une certaine marge d’erreur à la fois concernant l’heure exacte du phénomène et aussi concernant l’activité qui peut être aussi bien sur-estimée que sous-estimée.

De plus, suivant la qualité de votre ciel et notamment en raison de la présence d’une lune gibbeuse au moment du phénomène, vous pourrez observer un nombre d’étoiles filantes moindre qu’annoncé. Toutefois, la prévision de pluies d’étoiles filantes a connu des avancées importantes ces dernières années. Il y a fort à parier que le spectacle sera au rendez vous.

C’est pourquoi, en ce début de soirée, ce samedi 8 octobre dès la tombée de la nuit et jusque vers 23h, si le temps le permet, je vous engage à sortir dehors et lever le nez au ciel pour observer ce spectacle…

Pour en savoir plus:

mai 2011 27

Six mois à peine après la dernière éclipse, la Lune jouera de nouveau à cache-cache avec l’ombre de la Terre dans la soirée du 15 juin. Une éclipse de Lune est visible sur un peu plus de la moitié du globe et cette fois, les observateurs situés autour de l’océan Indien seront privilégiés.

Si vous observez depuis la Réunion, vous êtes assurément le mieux placé car vous pourrez voir l’intégralité de l’éclipse et la Lune au zénith au moment du maximum de totalité.

Pour les observateurs européens, cette éclipse est un peu l’opposée de la précédente. Si en décembre, la Lune se couchait totalement éclipsée au petit matin, cette fois, elle se lèvera en partie ou complètement éclipsée en début de soirée et seule la fin de l’événement sera visible.

En France métropolitaine, plus vous vous situez au sud-est, plus longtemps vous verrez l’éclipse. Seuls les habitants du sud-est (à l’est d’une ligne Genève Perpignan) pourront tenter d’observer la Lune se lever juste avant le début de la totalité. Ailleurs, la Lune sera déjà totalement éclipsée à son lever.

Visibilité de l’éclipse de Lune. Plus la zone où vous vous situez est sombre, plus vous verrez les différentes phases de l’éclipse
(version grand format disponible en cliquant sur l’image)

Voici la chronologie des événements pour la ville de Paris (*) le 15 juin (en temps légal français: UTC+2) depuis laquelle seuls les événements en gras seront observables:

  • Entrée dans la pénombre (P1) : 19h25
  • Entrée dans l’ombre (O1 ): 20h23
  • Début de la totalité (T1) : 21h23
  • Lever du Lune : 21h51
  • Coucher du Soleil : 21h54
  • Maximum de l’éclipse (M) : 22h13
  • Fin de la totalité (T2) : 23h03
  • Sortie de l’ombre (O2) : 0h02 (le 16 juin)
  • Sortie de la pénombre (P2) : 01h01 (le 16 juin)

Même s’il est difficile de prévoir à l’avance les teintes qu’aura l’éclipse, on peut déjà affirmer qu’elle sera particulièrement sombre puisque la Lune s’enfoncera vraiment au cœur de l’ombre terrestre (voir le schéma ci-dessous). Il s’agit d’ailleurs d’un type particulier d’éclipse appelé éclipse lunaire centrale puisque le disque lunaire passe par le centre de l’ombre terrestre. Par conséquent, l’éclipse sera particulièrement longue (1h40 de totalité, et 5h36 dans son intégralité).

Parcours de la Lune dans les cônes d’ombre et pénombre de la Terre

La prochaine éclipse de Lune aura lieu dans six mois, le 10 décembre 2011, mais en France métropolitaine, on ne verra au mieux qu’un lever de Lune partiellement éclipsée. Pour voir une éclipse totale de Lune en France métropolitaine, il faudra attendre le 28 septembre 2015.

Pour en savoir plus:

Note: (*) En fait les horaires de l’éclipse sont générales, c’est à dire valables pour n’importe quelle ville, seules les heures de lever du Soleil et coucher de la Lune sont locales, c’est-à-dire valables uniquement pour Paris.

mai 2011 09

Quand j’étais à l’école primaire, on m’avait raconté que le Commandant Cousteau avait pu observer, dans sa jeunesse, le Mont Blanc depuis le sommet de la Tour Eiffel lorsque que le temps était parfaitement dégagé. A l’époque, cette information m’avait fasciné comme lorsqu’on m’a dit que la muraille de Chine était visible depuis la Lune.

Autant, j’ai rapidement su que la deuxième affirmation était fausse, autant pour l’observation de Commandant Cousteau, je n’ai jamais vraiment eu la réponse. Alors j’ai décidé de mener ma propre enquête et de déterminer, au moins de manière théorique si cette observation est possible.

Pour mieux comprendre le problème, il faut d’abord rappeler que du sommet de la Tour Eiffel, on se situe à une altitude de 311.2m (276.1m pour la hauteur + 33.5m pour l’altitude au pied de la Tour et 1.60m la hauteur des yeux du Commandant, peut-être surestimée). Le Mont Blanc lui culmine à 4810.4m (même si à l’époque, du commandant Cousteau, tout laisse penser qu’il était légèrement plus petit) et se situe à environ 481.5km de la Tour Eiffel (481.38km d’après Google Earth, 481.93km d’après un calcul prenant en compte l’aplatissement terrestre).

Pour que l’observation soit possible, il faut pouvoir tracer un chemin lumineux entre les deux sommets, sans rencontrer le sol entre les deux. D’ailleurs, pour simplifier les choses, on va supposer qu’il n’y a pas de relief entre les deux.

Une autre manière de voir les choses est de chercher à déterminer la distance maximale à laquelle on peut observer depuis une hauteur donnée. Ainsi, si depuis la Tour Eiffel, on voit jusqu’à X km et que depuis le Mont Blanc à Y km alors l’observation est possible si X+Y est supérieure à la distance entre les deux sommets. Sinon, le Mont Blanc est sous l’horizon vu depuis la Tour Eiffel.

En première approximation, le chemin lumineux peut être considéré comme rectiligne et dans ce cas, la distance maximale d’observation peut se calculer facilement: D=√(2*h*R), où h est la hauteur, R le rayon terrestre et D la distance à l’horizon (tous ces paramètres dans les mêmes unités).

Dans la réalité, il faut tenir compte de la réfraction atmosphérique. Celle-ci tend à courber les rayons lumineux et donc à agrandir cette distance à l’horizon. Pour tenir compte de la réfraction, on montre qu’il faut multiplier la précédente relation par un facteur 1/√(1-k) où k est une constante qui dépend de la pression atmosphérique et de la température au sol.

Pour faire le point en mer, les marins prennent habituellement une valeur de k=0.16 (proche de la valeur obtenue pour des conditions standards de pression et température). Avec cette valeur, les distances à l’horizon seront plus grande d’environ 9%. Si maintenant on passe aux applications numériques pour nos deux monuments, on trouve comme distance à l’horizon pour:

  • La Tour Eiffel: 68.75km
  • Le Mont Blanc: 270.28km

Soit en sommant les deux distances : 339.03km. On est donc loin de la distance entre les deux lieux (481.5km). Le Commandant Cousteau aurait donc mal vu?

Comme je l’ai rappelé, ce facteur k lié à la réfraction dépend de la température et de la pression au niveau du sol. Qu’en est-il si ces deux paramètres varient?

C’est ce que j’ai cherché à savoir. Pour cela, j’ai pris les valeurs extrêmes relevées sur Terre à savoir 870hPa / 1087hPa pour la pression atmosphérique (seulement des valeurs inférieures à 1015hPa impliquent habituellement des nuages donc des conditions d’observations peu favorables) et -89°/+58° pour la température.

Distance maximale en fonction de la température (°C) et de la pression au sol (hPa).

Comme on le voit, même avec des conditions différentes de pression et de température, on reste encore loin du compte puisqu’il manque encore au moins 110km pour que l’observation soit possible.

En fait, pour que l’observation soit possible dans des conditions atmosphériques normales (à 1015hPa et 10°C), il faudrait que le Mont Blanc fasse plus de 12 500m (pour une Tour Eiffel à sa taille actuelle) ou qu’inversement, la Tour Eiffel fasse au moins 3 140m (pour un Mont Blanc à sa taille actuelle).

Alors quid de l’observation?

  • On peut penser que les hypothèses faites pour ce calcul sont trop grossières et ne reflètent pas la réalité. Seulement, les hypothèses sont les mêmes que pour quelques cas d’observations similaires comme l’observation du Mont Canigou depuis les environs de Marseille alors qu’il est théoriquement sous l’horizon.
  • Une autre explication reste le mirage atmosphérique. Effectivement possible, mais de là à rallonger la distance à l’horizon théorique de plus 100km, ça parait peu probable.
  • Après j’ai peut-être rêvé, et on a affaire à un simple légende urbaine mais reprise tout de même sur quelques sites.
  • Mon ultime explication reste qu’il ait pu confondre les sommets enneigés des Alpes avec d’éventuels nuages…

Pour en savoir plus:

Pour ceux qui seraient tenter de trouver leur propre explication, voici quelques liens qui m’ont servi à la rédaction de ce billet: