fév 2009 21

Depuis quelques semaines et surtout depuis le désormais célèbre discours du président présentant ses “vœux” au monde de la recherche (voir la vidéo commentée), un mouvement de contestation a vu le jour dans de nombreux organismes de recherche et universités.

Après avoir fait baisser le budget de la recherche, le gouvernement se propose de réformer l’université et la recherche dans le but de les rendre plus compétitives. Ce gouvernement et notre président qui ont l’ambition de vouloir tout réformer, s’attaque donc à l’enseignement supérieur.

Comme d’habitude, pour “réformer”, ils stigmatisent une catégorie de la population (je prendrai ici l’exemple des enseignants-chercheurs, mais cela fonctionne ou a déjà fonctionné avec des cheminots, des profs, etc…):

  • L’état n’a jamais mis autant de moyens pour la recherche et l’enseignement supérieur
  • La recherche n’a jamais si mal fonctionné
  • Il faut donc la réformer

Certes, la recherche et l’université doivent être réformées, c’était d’ailleurs le souhait des conclusions des états généraux de la recherche dont le gouvernement n’a pas jugé bon de s’inspirer. Le véritable objectif de la réforme est comme à chaque fois (c’est pareil pour l’enseignement secondaire) purement comptable. L’état, souhaitant faire des économies, veut s’inspirer du modèle anglo-saxon mais en ne retenant malheureusement que les aspects négatifs (voir l’opinion d’enseignants-chercheurs français exerçant en Amérique du Nord).

Comme pour mieux faire passer cette réforme, notre président exerce sa politique de comptoir et son “diviser pour mieux régner” pour dire que les enseignants-chercheurs vivent confortablement sur le dos des contribuables tout en refusant de se faire évaluer. Malheureusement ce discours fait des ravages dans l’esprit des gens qui, comme notre président, ne connaissent pas grand chose au métier d’enseignants chercheurs (voir une explication simple du métier). De plus, dans le contexte actuel (crise économique, manifestation en Guadeloupe, etc…), cette protestation a une visibilité de plus en plus limitée dans les médias. Au final, les revendications et protestations des enseignants-chercheurs passent limite pour indécentes en cette période.

Les incohérences et les mensonges du discours ont été dénoncés dans de nombreux documents (par exemple 33 directeurs de laboratoires d’astrophysique écrivent à …). En attendant, la ministre de la recherche sentant la grogne montée, préfère gagner du temps et tente d’étouffer le mouvement en demandant à une médiatrice (dont la partialité est plus que douteuse ayant déjà eu plusieurs missions sous des gouvernements de droite) de réécrire le décret de la réforme sous deux mois. Finalement, à ce rythme, le gouvernement essayera de faire passer la loi pendant les vacances d’été…

Enfin pour finir sur une note un peu plus personnelle et qui symbolise un peu la société liberticide dans laquelle la France s’enfonce petit à petit.

Lors de la manifestation de cette semaine, en quittant le cortège, nous avons passé un cordon de CRS qui filtrait les manifestants. Ce groupe de CRS nous a demandé de retirer nos badges que nous portions en signe de protestations (badge de la taille d’une carte téléphonique donc hautement ostensible). Bref, sur le coup, on a été tous très surpris. En tout cas, j’ai remis mon badge après avoir passé le cordon.

Plus tard, je me suis souvenu d’avoir déjà entendu cette histoire et j’ai donc recherché sur Internet si les CRS étaient en droit de le faire. Et bien, ce genre d’intimidations a déjà eu lieu plusieurs fois (en 2004 par exemple) et d’après ce que j’ai pu lire, les forces de l’ordre n’ont pas le droit de nous demander de retirer tout autocollant, pancarte, drapeau, c’est une atteinte à la liberté d’expression. Par contre, je n’ai pas réussi à mettre la main sur un texte de loi qui le précise.

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